¤- Prince Némésis D. Laviamhan -¤

Le Prince Némésis D. Laviamhan est le fils de deux anciens pathétiques paysans qu'il a rejetés dès sa naissance. Dieu, que Marco Laviamhan et Marie Bahiemnam avaient pourtant souhaité une naissance au sein de leur couple. Certes, cette naissance, ils l'eurent. Mais ils eurent tôt fait de la regretter. L'histoire vous est à présent contée de la conception du grand Prince Némésis.

Marco Laviamhan, honnête petit paysan, oeuvrait en son petit domaine pour le bien de ses soeurs, jeunes femmes qui dépendaient totalement de lui. L'homme, muni d'un corps puissant, faisait marcher sa vie tranquillement et servait comme il le devait son seigneur. Ses deux soeurs vivaient allégrement à ses dépens sans avoir à se soucier de rien. L'homme, allant sur ses 40 ans, possédait un corps puissant et musculeux, des cheveux noirs d'ébène intenses ainsi que des yeux bruns impénétrables qu'il légua plus tard à sa progéniture. Ce brave homme répandait un peu de joie autour de lui tant qu'il le pouvait, offrant de menus cadeaux même aux petites enfants passant dans la rue sans forcément les connaître, et couvrait ses soeurs, qui étaient le seul trésor qui lui restait dans la vie, de cadeaux plus beaux les uns que les autres, du moins pour la classe sociale à laquelle il appartenait.

Marie Bahiemnam était quant à elle l'épouse d'un ancien notable d'un âge assez élevé. Elle était belle et jeune, allant à peine sur ses 26 ans. Lui n'était qu'un vieux croûton tout juste bon à donner des ordres à ses serviteurs sans plus éxécuter aucune tâche physique tant son état était alarmant. Il ne pouvait plus même bouger, restant au lit ou dans une chaise des journées entières. Il allait de soi que si la jeune femme avait suivi le vieil acariâtre jusque dans sa couche, il fallait que le vieillard soit grassement muni de richesses. Et en effet, cette femme, cette putain comme la qualifièrent beaucoup, n'avait pour le vieil homme que du mépris, et ne le laissait poser les mains sur elle qu'après qu'il lui ait offert maints cadeaux extrêmement coûteux. Le démon du luxe dévorait toute entière cet fille du péché.

Un jour pourtant, le hasard, à moins que ce ne soit le destin, fit que ses deux êtres pour le moins communs se rencontrèrent. Le profit, la jalousie, l'avarice, la luxure, la traîtrise, le rejet, telles furent les conditions de la naissance du grand Prince.

La jeune Marie allait dans le soir de pluie chercher refuge chez quelque notable qu'elle saurait habilement manipuler afin qu'il lui offre tout ce dont elle avait besoin pour partir enfin de cette maudite ville. Elle s'était lassée du vieux Barthmas, lasse de tout ce confort qui laissait cependant place à un grand vide et un ennui croissant. Elle allait ainsi dans les ténèbres, cherchant du regard quelque personnalité à séduire l'instant d'une nuit.

Le brave Marco ayant terminé son office, s'en revenait de la maison de son maître après lui avoir apporté son dû, la pluie lui battant le visage. Ce temps n'était pourtant pas coutumier en pareille saison, songea t-il. Bah! Qu'importait, il serait bientôt chez lui au chaud et il saurait entendre à nouveau son coeur battre quand il verrait le sourire que ses chères soeurs lui adresseraient lorsqu'il leur tendrait à chacune une bague qu'il comptait acheter dès à présent avec l'argent confié à lui par son maître.
Il choisit pour sa soeur Anna une bague ornée d'une pierre rouge quelconque sans grande valeur mais toutefois de beauté, et pour Alicia il prit une bague tout contraire de la précédente, ornée d'une pierre bleue pour sa part, du même éclat que la rouge. Il sortait ainsi de l'étalage, les bijoux en poche, et décida de s'en parer afin de ne point les perdre. Les voleurs n'iraient pas jusqu'à lui prendre les bijoux sur ses propres doigts, pensait-il. Et ainsi il marchait sans peine, le sourire au lèvres.

Ils se rencontrèrent bientôt, et scellèrent leur destin et celui de leur fils. La pluie frappait leurs visages déjà meurtris par les malheurs passés de leurs petites vies. Le visage de Marco, ayant souffert des multiples efforts accomplis dans sa vie, et des privations qu'il avait accomplies pour contenter ses soeurs. Quand il vit Marie, il vit une femme d'une beauté exquise, bien qu'excessivement maquillée à son goût. Aucune femme n'avait jamais existé dans sa vie autre que ses petites soeurs. A voir les vêtements magnifiques qu'elle arborait, elle était de la haute. Il commença par détourner le regard des yeux émeraudes qui le fixaient, honteux par le fait même de poser les yeux sur elle. Mais elle le retint. Attirée par l'homme, dont le physique lui plaisait. Mais aussi par le fait qu'il était vêtu de ses plus beaux vêtements comme à chaque fois qu'il allait voir son seigneur, et qu'il portait deux jolies bagues à la main.

Elle lui prit la main alors qu'il passait à côté d'elle, désireux de rentrer et oublier tout le faste qui l'avait entouré et rabaissé ce soir. Il ne sut résister à la tentation qu'elle incarnait, mais ne pouvait se résoudre à l'amener à ses soeurs, chez lui. Il se sentait indigne d'elle. Dieu! S'il avait su quelle genre de femme c'était, jamais il ne serait ainsi épris d'elle. Mais il était trop tard et le démon les dévorait tous deux. Ils s'en allèrent, marchant en dehors du petit village. Et leurs passions dévorantes et innées l'un envers l'autre se déchaînèrent... Le fruit de leur union naîtrait bientôt.

Le lendemain, lorsqu' Anna et Alicia se levèrent et constatèrent que leur pfrère n'était toujours pas de retour, leur inquiétude de la veille fut décuplée. Que deviendraient-elles, sans lui? Mais elles n'eurent pas grand temps pour réfléchir à la question car il rentra bientôt, harassé de sa nuit passée avec la mauvaise créature. Elles le soignèrent, le cajôlèrent, et ne lui posèrent aucune question sur ce qu'il avait fait cette nuit. Elles jugeaient qu'il vieillissait, et que depuis longtemps, il ne s'était occupé que d'elles, et elles comprenaient qu'il puisse faire cela. Mais une semaine plus tard, un évènement changea leur vie, à eux trois. La jeune femme ne lui avait finalement rien dérobé. Elle avait pour la première fois de sa vie ressenti un peu d'amour, sans chercher le moindre profit. Mais bientôt, tout changerait pour eux.

Le vieux Barthmas avait été très heureux du retour de sa femme. Mais une semaine après le retour de celle-ci, il regretta amèrement toute sa vie. Tous ses péchés, il les paya finalement, englouti tout entier par le démon. Au petit matin, Marie était prise de convulsions, ses veines gonflèrent et sa température corporelle haussa de manière inquiétante. Le vieux fit venir le médecin du village, mais il ne sut établir aucun diagnostic probant. Mais bientôt, le prince Némésis fit son apparition. Les neuf démons du péché avaient accru la croissance de la créature. Le prince maudit était déjà né. 7 jours pour neuf démons assoiffés.

La prédiction des 4 princes de l'Enfer s'accomplit à l'instant où le grand Némésis détruisit le ventre maternel afin d'en sortir, ruisselant du sang de sa mère détestée. Elle était seule dans la chambre conjugale, seule dans son désespoir, seule dans ses souffrances quand les bras de l'homme qu'elle avait elle-même conçu tordirent ses boyaux de l'intérieur, la désosser totalement avant de perforer le ventre maternel et sortir au grand jour. Des serviteurs entrèrent dans la chambre. Et furent aussitôt frappés à mort par l'aura de mort exudée par le garçon. Le vieillard eut à peine le temps de se repentir pour ses péchés passés que toute vie en lui était déjà anéantie, tout souvenir pulvérisé. Il sentit son corps se tasser, ses os se briser, les muscles se déchirer, sa peau brûler tandis qu'il contemplait le fruit des passions infidèles de son épouse. Et il mourut dans les souffrances les plus abominables de l'Univers, maudissant tout ce qu'il avait vécu et subi dans sa vie.